samedi 30 octobre 2021

Le Grand Raid d'Alain

 La Diagonale des Fous, par Alain Devillard le 28 octobre 2021

🏁Je suis arrivé à Saint-Pierre avec 2 heures d’avance, contrôle du Pass sanitaire et voilà, j’y suis enfin. La pression commence à monter. Je prends le départ à 21h 40 je fais les 5 premiers kilomètres avec un monde de fou. Les cris, les applaudissements, ça m'encourage beaucoup. Je cours mais je sais que je dois faire attention de pas me brûler parce qu’il y a encore des kilomètres.
Je vois ma femme je lui fais un bisou ainsi qu’à Stéphanie et Aurélien qui vont me suivre tout au long du parcours.
🏃🏻‍♂️Au bout de 14 km, j'arrive au premier ravitaillement à 23h54 j'ai 1h30 d'avance sur la barrière horaire imposée. Je suis content mais je ne m’arrête pas, je prends juste de l'eau et je continue.
Après 1 km de course j'arrive sur un bouchon, 35 minutes d'arrêt, ça y est, on monte. Ça commence vraiment à monter. On arrive jusqu'à notre Dame de la Paix à 3h 11 du matin. J’ai 1h 40 d'avance toujours content. J’ai parcouru 24 km.
➡️ Direction Mare à Boue. Je savais qu’Aurélien et Stéphanie avec le petit Noah m’attendaient. J’arrive à 9h20. J’ai 2h 05d'avance j’ai déjà fait 48 km avec 2511 de dénivelé. J’ai passé ma première nuit ça a été. Je les vois, c'est génial je m'assois pour la première fois et ça fait du bien. Ils me préparent du café et des pâtes au beurre mon premier repas. Je repars au bout d’une demi-heure, les batteries rechargées. ☕️🍝
➡️Je suis maintenant en direction du Stade de Cilaos. J’y arrive à 15h 21. Aurélien et Stéphanie sont là.
J’ai toujours mes 2h05mn d’avance, mais je commence à être fatigué. J’ai déjà fait 66 km, 3336 de dénivelés, sans avoir dormi. Aurélien me prête sa camionnette pour que je puisse me reposer, et je lui demande de me réveiller au bout de 30 mn. Je n’ai pas pu dormir, j’ai fermé les yeux 5 mn. Je me dirige vers le stade de Cilaos pour me ravitailler avec du poulet et du riz (un peu sec). Mais je mange parce que je sais ce qui m’attend la montée Taïbit.
⛰Je commence à monter, une vraie torture : 456m de dénivelé positif au début du sentier et ensuite 824m de dénivelé positif pour arriver au col du Taïbit. J'arrive à Marla à 21h11. Encore 2h d'avance mais je suis épuisé, j'ai sommeil, il faut que je dorme. J’ai fait 78km et 4665m de dénivelé. Je suis enfin à la moitié du parcours. Je dors 5 minutes.
🌌Je repars pour ma 2ème nuit : 496 de dénivelé positif et surtout 1200 dénivelé négatif (descente). Une torture cette descente : que des cailloux et des troncs d'arbres, sans compter la fatigue accumulée. Je dors sur le sentier 10minutes en pensant que j'avais le temps, mais je me retrouve finalement avec seulement 5 minutes d'avance en arrivant à Ilet à Bourse j'ai tout perdu. Il est 4h50 du matin, je n’ai plus d’avance.
😪Je suis fatigué, le moral dans les chaussettes. Un collègue de marche me dit « j'arrête là je n’en peux plus. Ça sera pas possible de faire 1100 de dénivelé positif et 574 de dénivelé négatif en 4h30 alors que nous n’avons plus d’avance »
C’est qu’à ce moment-là de la course je voulais vraiment arrêter. Je me suis dit « j'arrête, je suis aussi cuit que lui, j’ai sommeil, plus de force » Cette idée trotte dans ma tête. Mais c’est impossible. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais je me dis « je ne peux pas arrêter sans avoir au moins essayé de le faire. Si je rate la barrière horaire, j’aurais au moins essayé de le faire, pas de regret » 💪🏼
Alors, c’est parti ! Je remplis ma gourde, je prends à manger et je repars, à fond.
Un second souffle : je monte, je descends, je remonte. J'ai de nouveau des jambes.
Je ne comprends pas comment je tiens, mais je continue.
L'arrivée est proche.
🥳Et j’y arrive, c’est bon, je l’ai fait, je suis à l’Ilet des Orangers, j’ai effectué 113 km. Je respecte la barrière horaire avec 4h25 mn entre les deux points. J’étais tellement heureux d'être encore sur la course. Je n’en pouvais plus, mais maintenant j'avais vraiment l’espoir d’aller au bout de cette Diagonale, parce que j’avais réussi à me relever, même après une grosse baisse de moral.
Je décide de me reposer pendant 1h et repartir vers le prochain point : Les Deux Bras.
Je sais qu’Aurélien m’attend là-bas.
J’y arrive à 17h 53 avec 1h30 d'avance. J’ai parcouru 121.9 km.
Même si je respecte la barrière horaire, même si j’ai 1h30 d’avance, je ne suis plus moi.
Je suis trop fatigué. J’ai mal. Début des ampoules. 🦵🏻🦶🏼
J'ai réussi à dormir 5 minutes. Je vais faire soigner mes ampoules, parce que je sais que ça peut me couper net si je ne le fais pas. 40 minutes de soin.
Je mange des haricots rouges avec de la saucisse. C’est très bon mais surtout je sais que ça va bien me tenir au corps pour la suite.
➡️Après plus de 120km de course parcourus, il fallait monter le Dos d'Ane : 750 de dénivelé positif sur 4,5 km. Un mur, je peux vous le dire. Puis 534 de dénivelé négatif. Aurélien a fait la montée avec moi pour me soutenir et heureusement qu'il était là. Il m’a encouragé tout au long.
Stéphanie nous attendait au col avec une bouteille d’Orangina que j'ai bu en une seule gorgée, il me fallait du sucre. 🥤 j'ai oublié de vous dire 3 ème nuit.
Je repars pour terminer le reste jusqu’au prochain point. J’arrive à 23h 13 au Chemin Ratinaud, au 130 -ème kilomètre.
J’avais encore 40minutes d'avance sur la barrière horaire, ce n’est pas énorme. Je prends le temps de dormir 5 minutes, et je repars.
➡️Je suis en route vers La Possession, qui se trouve au 138 -ème kilomètres. Je l’atteins à 2h25, en pleine nuit.
🏔Je ne vous ai pas encore parlé des paysages. Ils sont magnifiques. J’en prends plein les yeux tout au long du parcours, mais à ce moment là particulièrement. Je prends du plaisir à marcher, c’est agréable. Alors le temps passe, je ne m’arrête pas et je continue. ☀️
J’arrive à 5h 35 du matin, au bout de 146 km et après une dernière nuit à marcher à la Grande Chaloupe.
🙏A ce moment-là je sais que je finirai la course, je n’ai aucun doute. La seule chose qui pourrait m’arrêter, c’est une blessure. Mais moralement, je suis vraiment bien. Je sais que l’arrivée est proche. Il me reste 16 kilomètres. J’y suis presque.
C’est ici que Aurélien, Stéphanie et leur fils Noah m’attendent.
Il faut que je les remercie. 3 jours qu’ils me suivent, qu’ils m’aident, qu’ils me préparent à manger et à boire. 3 jours qu’ils dorment dans une camionnette. Leur présence sur cette course m’a aidé à continuer, m’a redonné le moral.
Sur les différents marathons que j’avais déjà pu faire, mes deux filles étaient sur les parcours. Et voir des proches, ça nous aide forcément à avancer, à continuer et à ne rien lâcher. Elles ne pouvaient pas être avec moi, alors merci à Aurélien, Stéphanie et le petit Noah, qui vivent sur cette magnifique île, d’avoir été là, sur tout le parcours. Ils ont été un soutien précieux.
Enfin, un petit café ☕️et je repars. Mais pas seul ! Je demande à Aurélien de venir avec moi, de marcher les 16 derniers kilomètres. Il me dit qu’il n’est pas prêt et qu’il ne s’y attendait pas. Mais il me suit ! « On va la finir ensemble cette course »
Après tout ce qu’il avait fait pour moi pendant le parcours, il méritait de vivre un bout de cette merveilleuse expérience. Alors on part. 👨‍❤️‍👨
On arrive au Colorado à 8h59.
Je sais qu’il me reste 5km. 5 petits kilomètres avant de conclure ces deux années d’entrainement.
J’y suis presque, rien ne pourra m’arrêter. 💪🏼
Mais ces 5 derniers kilomètres ont été une souffrance pour moi. Les pires. Vous ne pouvez pas vous imaginer.
Des cailloux, des cailloux et encore des cailloux. 🪨
Et mes pieds qui me font mal et qui tapent au sol.
Il nous aura fallut 1h45 pour terminer ces 5 petits kilomètres.
Mais voilà, je suis en bas. C’est l’explosion de joie, un sentiment indescriptible.
J’y suis, il me reste 300 mètres.
Alors là tout se mélange, mais l’émotion et la fierté prennent le dessus.
Je vois ma femme ♥️. Elle m’attend. Elle me prend dans ses bras et me félicite. Stéphanie, la femme d’Aurélien et ses parents m’attendent avec
Trop d’émotions, et je craque, je pleure. J’y suis arrivé. La fin est juste devant moi. 🥲
Alors j’avance, main dans la main avec Aurélien et Noah sur les 100 derniers mètres.
Je vois la banderole : il reste 100 mètres. 🏃🏻‍♂️
100 mètres avant la libération, avant la fin d’une incroyable expérience de 3 jours.
Je cours ces derniers mètres. Et voilà c’est fini. Je hurle de joie.
C’est un sentiment inqualifiable, probablement le plus fort dans le domaine du dépassement de soi.
Je reçois ma médaille. C’est la plus dure, mais c’est LA plus belle. Celle qui me provoque le plus d’émotions. 🏅
A ce moment-là, les deux années d’entrainement me reviennent en mémoire.
Merci à ma femme, qui m’a soutenu jusqu’au bout, je sais que je n’étais pas beaucoup là, et que ce n’était pas facile pour elle toutes ces longues sorties pour m’entrainer.
Je t’aime énormément. 💕
➡️Merci à tous mes camarades de route pendant ces deux ans. Je pense évidemment à Maryline, Didier, Anselm Arnaud, Renauld et Céline, qui ont été les premiers à m’aider durant deux ans.
Puis, de nouveaux compagnons se sont ajoutés, Fred, François, Vanina, Aline, Catherine, Marc, Claude, Anne-Cath , Eric, Line ,Guy
Carole ,Jean Marie. ....
Merci à vous tous. Je pense à vous au moment de mon arrivée, je pense au super moments qu’on a partagés, à marcher, à rigoler.
➡️Merci au club de course des D’Ranner qui m’a aidé dans mes entrainements.
Merci à tous mes amis, qui de près ou de loin m’ont soutenu.
➡️Merci pour tous les messages de soutien que j’ai reçus de tout le monde.
Et surtout merci à mes trois amours Pauline Fanny et surtout Lily qui m'a aidé à faire le sentier des roches vous êtes toujours là pour moi
Je vous aime énormément .
♥️
Ça y est, j’ai ma médaille autour du coup, et mon T-Shirt Finisher. ✅🥇
J’ai terminé cette course, dans la souffrance.
Mais je ne retiens que l’émotion de la réussite. Je ne retiens que les paysages incroyables que j’ai pu voir et la gentillesse des gens tout au long de la route, je ne retiens que les bénévoles qui ont été magnifiques et sans qui ce Grand Raid ne serait pas possible.
Voilà que se termine ce périple de 3 jours sur la Diagonale des Fous.
C’est presque irréel.
Je suis fier de moi.
Je ne savais même pas que c’était possible d’autant se dépasser. 💪🏼🏁
A bientôt, pour de nouvelles aventures. (Mais d’abord je me repose 😊 )
Bisou à tous.
Alain